P001 → Nomadisme


"Dans les méandres des eaux scintillantes et des horizons infinis, je me suis retrouvée face à ce peuple rebelle qui défie les normes établies. Leur vie est un chaos ponctué de résistance, de fluidité et de flexibilité. Ils sont les étrangers de ce monde, se déplaçant sans attache ni identité fixe."


Orientant son travail autour de communautés tribales – les Premières Nations en Colombie-Britannique, les Rapa Nui sur l’île de Pâques – Guillaume Holzer s’est d’abord tourné vers la photographie pour documenter le travail de son ONG, consacrée à la conservation des récifs coralliens. Autodidacte, il fait de ses récits visuels des témoignages poétiques de notre relation à la nature. Dans Territoire Nomade, l’auteur met en avant le lien unissant mer, hommes et femmes dans l’archipel de Komodo. Noirs et blancs texturés, eaux scintillantes, corps diffus, s’estompant dans les décors qui les portent habillent sa série, comme une manière de faire l’éloge du nomadisme, et de la liberté physique et intellectuelle qu’il symbolise. Loin de toute notion de fixité, son sujet – tout comme l’écriture visuelle qu’il adopte – s’oppose à l’enracinement, convoquant à la place une fluidité bienvenue, féconde pour la créativité. Fisheye Magazine


Cette série est une exploration du nomadisme et de la liberté, c'est aussi la synthèse de 8 ans de vie en Indonésie avec les "nomades de la mer" lorsque je consacrais mon temps à la conservation du corail avec ces communautés.

Il s'agit d'un voyage dans la relation entre le lieu, la mobilité et l'identité, invitant le lecteur à parcourir les perspectives du nomadisme à travers l'histoire des communautés Bajau et Bugis. J'y explore la fonction de déterritorialisation et les composantes de l'identité et du territoire.

Le nomadisme symbolise la liberté physique et intellectuelle, le processus de libération des contraintes territoriales ou idéologiques. Il représente la résistance à l'enracinement et l'ouverture à la fluidité et à la transformation. Après s'être libéré, le nomade peut s'installer ailleurs, adopter de nouvelles normes et créer de nouveaux rapports avec son environnement. Cependant, cette "reterritorialisation" est temporaire ; elle permet son mouvement et son changement permanent et, d'une certaine manière, le condamne à être libre.

Le terme déterritorialisation fait référence à un affaiblissement des liens entre la culture et le lieu. Il s'agit de l'éloignement des sujets et des objets culturels d'un certain lieu dans l'espace et dans le temps. Cela implique que certains aspects culturels tendent à transcender les frontières territoriales spécifiques dans un monde composé de choses fondamentalement en mouvement.

Ce voyage est présenté avec plus de détails dans mon livre fait à la main “Territoire Nomade”, accompagné de 41 images, de textes et de croquis.


Bourse du Talent 2024 / Hariban Award 2023, Honourable mention, Benrido Atelier, Kyoto / RPBB Finaliste 2023



8°31’ S, 119°44’E, dans l’archipel de Komodo. Au loin, on aperçoit comme une favela flottante, avec ses toits en taule éblouissants. Parmi les 17 000 îles que compte l’Indonésie, c’est une petite île qui dépasse d’à peine quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. 

Pasir Putih, traduisez « Banc de sable ». Ce village bondé compte près de 4 000 âmes, toutes réfugiées de leur culture ancestrale. Les Bajos et les Bugis, « nomades des mers » ont suivi les bancs de poissons au gré des vents et des courants de l’Indonésie aux Philippines pendant près de 1000 ans. Leurs mythes et leur histoire montrent les mêmes motifs récurrents : l’aliénation et l’exil permanent.

Que ce récit inspire tous ceux qui osent s’aventurer au-delà des frontières tracées, qui questionnent, créent et vivent avec audace. Car c’est dans cette errance qu’ils trouvent la liberté d’être véritablement eux-mêmes.